Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog de l'auteur Marie-Catherine Daniel

Parution : "Triple totem" dans Chants de Totems

Chants de Totems

Editions Argemmios

Couv Chants de Totems L’oiseau-tonnerre traverse le ciel. Sous ses ailes déployées chantent les ultimes totems.

Une anthologie dirigée par : 

Nathalie Dau et Hélène Pedot


Auteurs

 Marie Barthelet
Armand Cabasson
Jean-Michel Calvez
Nicolas Cluzeau
Sophie Dabat
Marie-Catherine Daniel
Franck Ferric
Jacques Fuentealba
Carole Grangier
Denis Labbé
Aurore Perrault
Pierre-Alexandre Sicart
Vanessa Terral

 

Illustration de couverture : Fabien Fernandez

ISBN : 978-2-919049-05-9 – ISSN : 2100-4293 Prix public : 20 €

 

Triple totem (extraits)

  La forêt palpitait comme le coeur du grand Bison. Dilatation, tambour, compression, tambour, dilatation compression, tambour tambour.
Le corps entier d’ÉkiOkoué résonnait.
Les feuillages des bouleaux et les buissons de ronces battaient comme les ailes du Grand-duc. Voilé flou net, voilé flou net, tambour. Tambour, crécelle, tambour.
Les yeux d’ÉkiOkoué ne cillaient pas.
Le vent du Grand-duc pénétrait son nez et sa bouche au rythme du Bison. Il l’emplissait du miel et du fiel du Saumon. Inspiration sucrée, expiration amère, doux astringent, doux astringent, chaud frais.
Tambour crécelle flûte, tambour flûte crécelle. Dilatation flou sucré, compression net amer.
Tambour.

***

ÉkiOkoué demeura longtemps sans bouger. Elle ne voulait pas ouvrir les yeux tant que les larmes qui menaçaient ne seraient pas ravalées. Elle respira dans son ventre, longuement. Sa pensée étudia son corps par l’intérieur. Ses mains, posées sur ses genoux, avaient froid. La chaleur envoyée par son esprit les réchauffa. Ses orteils coincés sous ses cuisses depuis la veille étaient gourds. Les remuer demanda un effort de volonté, mais rompre l’immobilité provoqua un doux fourmillement de toute sa peau. Une sensation agréable. Assez pour tester son visage : elle souleva les paupières… et ses yeux ne débordèrent pas.
Et le monde autour d’elle était comme l’ancien monde, bien qu’il ne fît aucun doute qu’il était neuf aussi.

[...]

Non, elle ne viendrait pas seule à bout du cadeau du Bison. Impossible de découper et désosser une telle carcasse avec son couteau au silex ébréché. Impossible de faire cuire, rôtir, sécher toute cette viande. Impossible de protéger, jour et nuit, toute cette nourriture. Le renard reviendrait. Ou pire.

Ce fut pire.
 

[...]

Le regard de la défunte se désembruma. Le Monde apparut net et fixe, comme celui des vivants. Elle était allongée sur une couche de fourrures dans une hutte en cuir de bison – un tipi, devina-t-elle. La personne près du feu était une femme, jeune, le visage ovale, paisible. Un bandeau de peau écailleuse et irisée lui ceignait le front.
La sans-nom avait senti le Bison, elle voyait le Saumon, elle chercha le Grand-duc.

[...]

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article